Dans un contexte où les exigences fiscales, environnementales et sociales se croisent de plus en plus étroitement, le budget mobilité s’impose comme une solution à la fois innovante et pragmatique. Instauré par la loi du 17 mars 2019 et adapté à plusieurs reprises depuis, il permet aux entreprises de transformer un avantage classique – la voiture de société – en une réponse durable aux nouvelles attentes des travailleurs.
Le budget mobilité repose sur une idée simple : offrir au travailleur la possibilité d’échanger sa voiture de société (ou son droit à celle-ci) contre un budget annuel modulable, à répartir entre différentes options de mobilité. Ce budget est basé sur le coût total de possession (TCO) de la voiture de référence et peut être utilisé dans le cadre des trois piliers suivants :
L’intégration d’au moins une solution du deuxième pilier est indispensable. L’objectif du législateur est clair : encourager une transformation profonde des habitudes de déplacement tout en gardant un cadre fiscal incitatif.
Le succès du budget mobilité, encore limité en volume absolu (0,85 % des travailleurs en Belgique en 2024), est en nette progression. On observe une augmentation significative du nombre de travailleurs optant pour cette formule, en particulier dans les grandes agglomérations comme Bruxelles (où 13,5 % des travailleurs avec voiture de société ont effectué la conversion). Ce chiffre tombe à 3,7 % en Flandre et à 2,5 % en Wallonie, mais la dynamique est enclenchée.
Cette montée en puissance s’explique notamment par une meilleure connaissance du dispositif, par la volonté croissante des employeurs de l’intégrer dans leur politique RH, mais aussi par la pression législative. Le gouvernement De Wever prévoit en effet :
Cela répond à une demande forte de flexibilité, de durabilité et de personnalisation du salaire, déjà bien présente dans d’autres dispositifs comme le plan cafétéria.
Le budget mobilité ne se contente pas d’être une mesure verte : il se veut aussi un outil stratégique de différenciation pour l’employeur. Il renforce l’image de marque, soutient la politique RSE, et permet aux collaborateurs de composer leur propre solution de déplacement selon leur situation personnelle.
Ainsi, un travailleur urbain pourra privilégier un vélo électrique et des abonnements STIB/SNCB, tandis qu’un salarié vivant en zone périurbaine pourra investir dans une voiture électrique couplée à un remboursement de ses frais de logement. Cette dimension « multifacette » en fait un levier de satisfaction et de fidélisation, tout en garantissant une neutralité budgétaire pour l’employeur.
Toute entreprise désireuse de mettre en place un budget mobilité doit veiller à :
Le budget mobilité représente une avancée majeure dans la façon dont les entreprises belges abordent la rémunération, la durabilité et la fidélisation des talents. Encore sous-utilisé, ce dispositif est appelé à se généraliser, notamment grâce à la pression législative et à la maturation des attentes sociétales. Pour les employeurs, il s’agit d’un outil puissant – à condition d’en maîtriser les aspects juridiques, fiscaux, opérationnels… et humains.