La discontinuité des entreprises, particulièrement dans le cadre d’une procédure de faillite, soulève des questions juridiques et pratiques complexes, à la fois pour les créanciers, les employés et les dirigeants. Le Livre XX du Code de Droit Économique (CDE) en Belgique prévoit des dispositions spécifiques pour encadrer les faillites et gérer les conséquences économiques de la cessation d’activité d'une entreprise.
Les articles XX.225, XX.226, et XX.227 fixent les modalités de gestion, de liquidation et les responsabilités des dirigeants, tout en permettant, dans certains cas, une tentative de reprise ou de continuation partielle des activités de l’entreprise.
Les articles XX.225 et XX.226 établissent les bases pour la liquidation des entreprises en faillite et la responsabilité des dirigeants, tandis que l'article XX.227 introduit des mécanismes spécifiques pour la vente d'une entreprise en difficulté ou la cession des actifs dans le cadre d'une faillite.
Lorsqu'une entreprise est déclarée en faillite, elle entre dans une phase de discontinuité où ses activités sont suspendues, voire complètement arrêtées. Cette situation soulève plusieurs défis cruciaux :
L'article XX.225 du CDE fixe le cadre de la liquidation des actifs de l’entreprise par le curateur. Une fois la faillite déclarée, le curateur prend le contrôle des biens de l'entreprise, dresse un inventaire et procède à la vente des actifs dans l'intérêt des créanciers.
Les fonds obtenus sont ensuite distribués selon une hiérarchie bien définie :
L'article XX.226 du CDE introduit la responsabilité personnelle des dirigeants dans les cas où une mauvaise gestion de leur part aurait contribué à la faillite. Une faute grave de gestion, telle que le non-respect des obligations comptables ou l’utilisation abusive des fonds de l’entreprise, peut engager la responsabilité personnelle des administrateurs ou des gérants.
En cas de faute lourde avérée, les dirigeants peuvent être contraints de rembourser les créanciers avec leur patrimoine personnel. Cet article est un moyen de renforcer la diligence et la prudence des dirigeants, tout en offrant une forme de protection aux créanciers.
Attention : une raison de plus pour les experts-comptables d’expliquer à leurs clients que le compte courant débiteur est le premier point d’attention du curateur qui ne manquera pas de relever cet élément de fait et d’autant plus si :
- on fait » disparaître » le compte courant en fin d’exercice pour le faire réapparaître au début de l’exercice suivant ;
- si les montants ne sont pas apurés au plus tard à la fin de l’exercice comptable.
L'article XX.227 introduit la possibilité, pour le curateur, de vendre l'entreprise en tant que fonds de commerce ou de procéder à la cession des actifs à un repreneur. Ce mécanisme vise à maximiser la valeur des actifs de l’entreprise, tout en permettant, lorsque cela est possible, une certaine continuité des activités.
Les points essentiels de l'article XX.227 incluent :
En cas de faillite, bien que la discontinuité des activités soit souvent la règle, l'article XX.227 ouvre une porte pour la reprise, totale ou partielle, des activités sous un nouveau propriétaire. Cela permet de maintenir un certain dynamisme économique, de préserver l’emploi et d'optimiser la liquidation au bénéfice des créanciers.
Toutefois, cette reprise dépend de la capacité du curateur à identifier des repreneurs intéressés et des actifs de l’entreprise encore exploitables.
Les articles XX.225, XX.226 et XX.227 du Code de Droit Économique offrent un cadre juridique précis pour gérer la discontinuité des entreprises en cas de faillite. Ils permettent non seulement de protéger les créanciers grâce à une liquidation ordonnée des actifs, mais aussi, dans certains cas, de garantir une certaine continuité économique par la cession des activités à des repreneurs potentiels.
Pour les dirigeants, ces articles rappellent l’importance de la prudence en gestion, sous peine d'engager leur responsabilité personnelle en cas de faute grave.
Pour les experts-comptables, ces textes exigent une connaissance approfondie des mécanismes de faillite et une vigilance accrue pour conseiller au mieux leurs clients en difficulté, tout en s’assurant que les obligations légales sont scrupuleusement respectées.